Cla Mosca, Nevin Galmarini et Ricarda Hauser

En 1987, la première école de snowboard d'Europe a été fondée à Scuol et en 1993/94, le Hochalpine Institut Ftan (HIF) a lancé une école de sport pour la relève du snowboard. La commune de Basse-Engadine a ainsi été dès le début au centre de la scène du snowboard. Au fil des années, des championnats suisses y ont été organisés, suivis de titres de champion du monde et de médailles olympiques pour les athlètes de Basse-Engadine dans la discipline alpine. En 2018 au plus tard, avec son inscription au calendrier de la FIS en tant que lieu d'accueil annuel des épreuves de la Coupe du monde, Scuol s'est pleinement établie dans la discipline.

Depuis l'apparition du snowboard dans les années 60 et son apogée dans les années 90, de nombreuses années se sont écoulées et plusieurs générations sont tombées amoureuses de cet engin de sport. Cla Mosca, Nevin Galmarini et Ricarda Hauser, qui représentent trois générations différentes et sont enracinés à Scuol, concrètement dans le domaine skiable de Motta Naluns, en sont le symbole. Tous trois ont grandi ici, ont appris à faire du snowboard et considèrent cette région comme leur patrie.

Chaque début d'année, la Coupe du monde FIS de snowboard se déroule dans leur pays. Un événement qui leur procure beaucoup de plaisir. Ricarda espère pouvoir y prendre le départ à plusieurs reprises. Elle a eu l'honneur d'ouvrir la voie à deux reprises avant de pouvoir fêter ses débuts en Coupe du monde en 2022 lors de sa course à domicile – un honneur incroyable et un événement dont peu d'athlètes peuvent profiter. Pour Nevin, la première épreuve de 2018 a été l'une des plus belles de toute sa carrière, deux semaines après son titre olympique en Corée du Sud. Il est monté directement sur le podium, mais ce qui a été encore plus bouleversant pour lui, c'est la victoire qui en a découlé au classement général de la Coupe du monde, avec le gain du globe de cristal dans son pays. En raison de sa retraite, il ne disputera plus de course de Coupe du monde à Scuol, mais il participe désormais à l'organisation de l'événement au sein du comité d'organisation.

Contrairement à Cla et Nevin, Ricarda a encore sa carrière devant elle et se consacre à ses études de psychologie en plus du snowboard. Cla travaille désormais comme coach et conseiller indépendant, Nevin est conseiller à la clientèle Key Accounts chez PostFinance et également coordinateur du sport d'élite et des études à la Haute école spécialisée à distance suisse. Tous ont découvert leur sport par le biais du ski. Ricarda a skié jusqu'à l'âge de huit ans, puis a voulu essayer quelque chose de nouveau et a continué. Cla a un intérêt fondamental pour les nouvelles choses. Lorsque le swingbo, quasiment une planche de surf sur des skis, est apparu au milieu des années 80, il a tout de suite été enthousiasmé par ses possibilités de carving. Mais cet engin de sport n'était pas adapté à la neige profonde ou au grand public. Vers l'âge de 18 ans, il a finalement découvert la poudreuse sur un snowboard, ce qui ne l'a plus quitté. Pour Nevin, le choix de carrière aurait pu basculer vers le ski. Il a grandi dans une famille de skieurs, avec une mère qui faisait du ski alpin dans le cadre B, qui a participé à une course de Coupe du monde et qui a été plusieurs fois championne olympique dans les courses pour sourds, il a imité son grand frère et s'est mis au snowboard à l'âge de 10 ans, notamment en raison de la passion de son père pour la planche à voile.

Lors des championnats du monde juniors 2021, Ricarda s'est classée 4e. Malheureusement, elle a manqué le podium de peu, mais ce fut tout de même pour elle son plus grand succès sportif jusqu'à présent. Pour la première fois, elle a pris conscience qu'elle pouvait rivaliser avec les meilleures coureuses. Le plus grand moment de réussite de Nevin a bien entendu été l'or à Pyeongchang, du moins pour l'extérieur. Pour lui, toute la période de 2014 à 2018 n'a été qu'un seul et même moment de réussite, lorsqu'il a terminé en tête du classement général de la Coupe du monde pendant une saison. Sa carrière professionnelle a duré bien plus longtemps et il a atteint bien plus que ce dont il avait rêvé. Il en est extrêmement reconnaissant et fier. Il se nourrit encore aujourd'hui de la réalisation des objectifs qu'il s'est fixés. Le plus grand triomphe de Clau a été son titre de champion du monde en 1993 à Ischgl. En fait, il avait voulu raccrocher sa carrière un peu plus tôt, frustré de ne pas pouvoir atteindre son objectif lors des courses. Mais Joe Zangerl, aujourd'hui directeur de l'internat du HIF à Ftan, l'a encouragé à continuer – avec un succès exceptionnel, comme il s'est avéré. L'énergie de Clas avant la course décisive était perceptible de l'extérieur et il savait déjà en se levant qu'aujourd'hui était son grand jour.

Joe Zangerl a également eu une influence décisive sur Nevin. Il s'est entraîné avec lui au HIF et, heureusement pour lui, il a appris une leçon incroyablement banale mais tout aussi importante : si tu t'entraînes, tu t'améliores. Aujourd'hui encore, il mise entièrement sur cette mentalité et croit fermement qu'en investissant lui-même, quelque chose finira par revenir sous une forme ou une autre. Pour réussir, Ricarda mise sur sa passion pour le snowboard. Pour elle, il est essentiel de voir le bon côté des choses, de se battre et de s'accrocher, même lorsque les choses vont moins bien. Elle doit encore travailler sur sa décontraction lors des courses, un facteur très important aux yeux de Clau. Ce n'est qu'en abordant une chose de manière détendue, mais néanmoins concentrée, que l'on peut réaliser sa performance maximale. Appliquer ces recettes du succès semble simple, mais ne l'est évidemment pas. Même en tant que sportif professionnel, on lutte, comme dans un travail «normal», certains jours ou certaines courses contre des problèmes de motivation et de plaisir.

On se souvient particulièrement des histoires spéciales que le sport écrit. Ricarda a vécu avec beaucoup d'émotion son premier podium en Coupe d'Europe fin 2021. Elle a apprécié d'avoir atteint l'objectif qu'elle s'était fixé, y compris le chemin parcouru pour y parvenir. Le fait que son entourage s'en réjouisse presque plus qu'elle ne l'a fait elle-même l'a beaucoup émue. Nevin aussi a été marqué par le moment où il est arrivé à Scuol en 2014 après avoir remporté une médaille et où des inconnus, notamment des enfants, se sont réjouis pour lui. Il a alors réalisé qu'il avait aussi une responsabilité et qu'il ne courait pas que pour lui. Il décrit cela comme un lent processus d'apprentissage, car du départ à l'arrivée, on est certes toujours seul, mais tout l'environnement est extrêmement important. Cla se souvient avec émotion de la fête organisée chez lui en son honneur après son titre de champion du monde. Pratiquement tout le village était là et il avait annoncé qu'il avait un frère plus talentueux que lui. Quatre ans plus tard, c'était à nouveau la fête au village, cette fois pour son frère Fadri. Après avoir remporté le titre, Fadri lui a brièvement et sèchement laissé un message sur son répondeur pour lui dire qu'il était désormais lui aussi champion du monde.

Ricarda profite aujourd'hui, lors de ses courses, de portes de snowboard spécialement conçues, comme Cla n'en avait pas encore. Il se souvient avec douleur des barres de basculement de son époque. Le matériel et le soutien en matière d'entraînement (mental) ou d'alimentation ont également beaucoup évolué au fil du temps. Ainsi, certains athlètes buvaient encore un thé glacé avant une course, ce qui est impensable aujourd'hui. Mais à ses yeux, l'évolution est limitée. La physique et l'essence de leur sport, avec les virages de porte à porte, sont restées identiques. Ils considèrent toujours le snowboard alpin comme un sport difficile sur le plan technique, ce qui en fait une niche et le laisse probablement intact. Il n'est donc pas étonnant que certains reviennent aux skis. Ils se réjouissent d'autant plus que, malgré un marché du snowboard en recul, le domaine du snowboard alpin se soit développé de manière constante au cours des 15 dernières années.

Ricarda met tout en œuvre pour imiter ses deux prédécesseurs. Pour que la relève soit assurée à l'avenir, il faut que les stations de ski se positionnent en conséquence, que les structures fonctionnent et que les jeunes connaissent le sport en lui-même. Ce dernier point est particulièrement important pour Nevin. Sur ses canaux de médias sociaux, il publie des contenus pour faire connaître l'attractivité du sport. Pour ceux qui savent faire du snowboard et qui souhaitent s'essayer à la discipline alpine, il recommande son camp de snowboard carving à Scuol à la fin de chaque saison, afin de s'entraîner avec lui et ses collègues de la Coupe du monde. Pour Ricarda, il est essentiel d'avoir de bons entraîneurs dans les régions, capables de transmettre leur savoir et de motiver. De plus, les plus expérimentés doivent absolument montrer leur passion et la transmettre. Les jeunes ont besoin de modèles à suivre. Et les trois générations de snowboarders de Scuol sont sans aucun doute des modèles.

Texte : Roger Kreienbühl

Images : Claudio Daguati

Vidéo : Marina Gachnang