Peder Rauch

Centimètre par centimètre, Peder se glisse dans une étroite galerie latérale de l'ancienne mine de S-charl, une localité isolée. L'air est raréfié et la fine poussière scintille à la lumière de la lampe frontale, seule source de lumière au fond de la mine. A certains endroits, le système de galeries long de plusieurs kilomètres est si étroit qu'il semble presque impossible de progresser. Il s'agit de ne pas perdre l'orientation dans les imposantes masses rocheuses du Mot Madlain. Avec un groupe d'invités, Peder part sur les traces des anciens mineurs qui, il y a des centaines d'années, cherchaient des minerais de plomb et d'argent. Ce qui était à l'époque une tâche incroyablement dure et dangereuse pour la vie, Peder l'enseigne à ses hôtes d'une manière sûre et avec un sourire rassurant sur son visage désormais légèrement poussiéreux.

L'histoire de l'exploitation minière à S-charl remonte au 12e siècle. Les mineurs, pour la plupart originaires du Tyrol, cherchaient avant tout de l'argent, au péril de leur vie parfois courte. De trois tonnes de minerai, le mélange minéral d'origine, on pouvait extraire environ 3 kg de plomb et seulement 30 grammes d'argent, grâce à un travail manuel laborieux, à l'utilisation du fléau et du fer et, plus tard, à l'emploi d'explosifs.  
Le minerai extrait était transporté péniblement sur 350 mètres d'altitude à l'aide de charrettes à bras jusqu'à S-charl, où il était traité dans les installations de fonte. Les lingots d'argent et de plomb finis étaient ensuite transportés dans le Val Müstair via le col da Costainas et le S-charler Joch, puis jusqu'à Merano dans le Tyrol du Sud et plus tard Hall dans le Tyrol, où des bijoux et des pièces de monnaie étaient fabriqués. Au 19e siècle, l'exploitation minière a connu son apogée, avant que les galeries ne se calment peu à peu et que l'infrastructure ne soit abandonnée à un lent déclin.   

Aujourd'hui, l'histoire minière de S-charl peut être vécue de manière plus détendue au musée "Schmelzra". Avant que cela ne soit possible, il a toutefois fallu rénover en profondeur les ruines de l'époque. Pour obtenir des subventions, il a fallu créer la fondation actuelle "Fundaziun Schmelzra S-charl". Celle-ci a eu lieu en 1987. Après une recherche infructueuse d'une personne responsable de la fondation, Peder Rauch se mit à disposition. Avec l'aide de nombreux bénévoles et apprentis, l'ancienne ruine a été transformée pendant dix ans en un petit musée, impressionnant et détaillé, qui a ouvert ses portes en 1997.  Dans les locaux à l'architecture attrayante, les visiteurs peuvent se faire une idée authentique de l'ancienne extraction d'argent à S-charl.  

Et de l'ours. Dans le même bâtiment, l'exposition sur les ours, conçue par le Parc national suisse et axée sur la découverte, montre de manière passionnante le mode de vie des ours bruns. C'est d'ailleurs en 1904, près du Piz Pisoc, la plus haute montagne du parc national avec ses 3'173 mètres, que le dernier ours a été abattu. L'arrière-grand-père de Peder a également tué un ours dans le Val Tavrü en 1895.
Aujourd'hui, les prédateurs sont strictement protégés et retrouvent même de temps en temps leur chemin vers l'Engadine. A S-charl aussi, on trouve parfois des traces des pattes marquantes de l'ours. En revanche, les observations visuelles sont pratiquement inexistantes, car l'ours se tient en principe à l'écart de l'homme.  

S-charl est magnifiquement situé au calme dans une vallée latérale près de Scuol, en Basse-Engadine. Ce n'est que dans les années 1960 qu'une route carrossable a été construite pour les voitures et les cars postaux. Aujourd'hui encore, elle n'est utilisable que du printemps au début de l'hiver. En hiver, le petit hameau n'est accessible qu'à pied ou par une romantique promenade en traîneau à cheval. 
Peder aime ce calme et cet isolement et a la chance de pouvoir y vivre avec sa femme pendant les mois d'été. Il a hérité de ses parents une maison située directement sur le chemin de randonnée menant à l'alpage de Sesvenna et l'a transformée avec amour avec ses fils. Avec sa femme, il gère désormais le petit hôtel garni et offre à ses hôtes un séjour dans un calme absolu et proche de la nature. De là, ils entreprennent également eux-mêmes des randonnées vers les montagnes environnantes, comme le Mot Madlain et les vallées latérales voisines.  

Par un chaud après-midi d'été, Peder aime s'asseoir sur un banc devant la maison, profiter des rayons de soleil bienfaisants et se remémorer, les yeux brillants et peut-être aussi avec un peu de nostalgie, l'époque où il était secrétaire de l'association régionale de l'époque "Pro Engiadina Bassa" (aujourd'hui "Regiun Engiadina Bassa/Val Müstair").  
En 1974, la loi sur les investissements a été approuvée par le peuple suisse, une mesure visant à promouvoir les régions de montagne en Suisse. La Basse-Engadine faisait partie des 54 régions éligibles et a bénéficié de cette aide. 
Un secrétaire a ensuite été recherché pour la région d'origine de Peder. Peder a obtenu le poste et s'est engagé de manière décisive dans de nombreux projets de développement au cours de son mandat, notamment l'introduction d'une décharge centrale, la création d'une école de musique et d'un service de pédagogie curative.  
Lors de son deuxième jour de travail en tant que secrétaire, le projet de construction du tunnel de la Vereina, la liaison ferroviaire entre l'Engadine et le Prättigau, a été présenté. Peder Rauch a été impliqué dès le début dans la phase de planification. Au début, la construction prévue a suscité un grand scepticisme de la part d'une partie de la population. Peder ne s'est pas laissé décourager et s'est engagé en tant que promoteur tenace pour la liaison vers l'Engadine et de l'Engadine vers l'extérieur. Une vingtaine d'années plus tard, le tunnel a été inauguré en grande pompe en 1999 et apporte depuis à la région de nombreux vacanciers qui empruntent les Chemins de fer rhétiques. 

Musicien passionné, Peder "lutte" également pour la préservation de la langue romane. Avec son collègue Flurin Janett, ils ont fondé "Ils Trubadurs Peder e Flurin", ont enregistré de nombreux disques et ont joué ensemble pendant plus de 30 ans. Aujourd'hui encore, Peder, désormais en collaboration avec Benedict Stecher, participe à diverses manifestations musicales dans la vallée et est devenu incontournable. Avec beaucoup de charme et d'humour, ils enthousiasment les auditeurs et contribuent ainsi à la préservation du romanche. La lueur dans les yeux de Peder n'a pas changé et continue d'exprimer sa passion pour la région.

Texte et images : Dominik Täuber.