Randulins
D'hirondelles et d'émigrants
Hirondelles en Engadine
"Les hirondelles, c'est nous", dit Randunella, "les acrobates de l'air", ajoute-t-elle. "Je suis un House Martin, et nous passons l'hiver en Afrique, au sud du Sahara. Nous retournons en Engadine entre fin avril et mi-mai, et dans le reste de la Suisse, bien sûr. Là, nous construisons un nouveau nid sur la façade de la maison, de préférence sous le toit, nous retournons dans le nid de l'année précédente ou nous aménageons le nid artificiel que certains habitants d'Engadine ont installé pour nous. En plus de nous, il y a aussi les hirondelles grises, qui sont toujours les premières à revenir du sud, et les hirondelles rustiques, que l'on reconnaît facilement à leur queue fourchue et au fait qu'elles construisent leurs nids dans de vieilles granges."
Mais les hirondelles sont aussi des personnes, explique Randunella. "C'était le nom des émigrants engadinois des derniers siècles. Les hirondelles car elles ont toujours le mal du pays et reviennent donc en Engadine chaque été. Tout comme nous.
Pourquoi les sucriers?
"Je ne suis pas trop dans les trucs sucrés. Ma préférence va clairement aux moustiques et aux mouches, petits et craquants, si je peux encore en trouver. Ce n'est plus aussi facile, parce qu'il y en a de moins en moins... Donc les confiseurs n'ont pas acquis leur savoir-faire chez nous. En fait, ce ne sont pas les artisans qui ont émigré à l'époque, mais principalement les agriculteurs. Les artisans avaient du travail et un moyen de subsistance, les paysans n'avaient que du travail mais pratiquement aucun revenu. Ils pouvaient être fermiers, mais cela ne servait pas à grand-chose dans une ville. C'est donc bien qu'ils aient appris de leurs mères à faire des sucreries et des pâtisseries, c'est du moins ce que m'a dit une vieille femme. C'est pourquoi ils ont d'abord été embauchés dans des boulangeries, mais ils ont eu tellement de succès qu'ils ont repris eux-mêmes certaines boulangeries et en ont ouvert d'autres. Les Vénitiens n'ont pas pu gérer ce succès et ont immédiatement chassé tous les Grisons de la ville."
Comment le gâteau aux noix est arrivé en Engadine
"Le gâteau aux noix est également trop sucré pour moi, mais je connais quand même son histoire car je suis passé l'autre jour devant la maison de Gaudenz Zimmermann et je l'ai entendue. Je me suis dit que ce gâteau ne pouvait pas être une invention de l'Engadine. En tout cas, je n'ai jamais vu de noix dans l'Engadine, mais j'ai vu des noisettes. Mais la France est connue pour ses noix, je le sais pour y avoir volé : Les arbres ne sont pas seulement proches les uns des autres à Grenoble, mais aussi dans le Périgord, près de Toulouse. Et le gâteau aux noix de la confiserie Heinz + Tester vient de Toulouse. Les deux Graubünden fabriquent cette spécialité depuis 1881. La base est en fait une fuatscha grassa, la garniture de caramel, de noix et de crème plus française, le couvercle à nouveau Engadine car fuatscha grassa. Son employé Fausto Pult, de l'Engadine, a rapporté la recette à Samedan, d'où elle a commencé son cortège triomphal".
Architecture
"Nous façonnons les paysages des villages de l'Engadine, tout comme les hirondelles humaines.
Dans la mesure du possible, nous collons nos nids aux façades des maisons et y nourrissons nos petits, en criant fort et en exécutant autant de manœuvres casse-cou que possible. Si tout va bien, nous pouvons même élever deux couvées en un été.
L'influence des autres hirondelles était particulièrement grande dans le passé et dans les villages qui ont brûlé, Sent et Lavin par exemple. Un certain nombre de confiseurs émigrés sont parvenus à la richesse et à la prospérité, mais sont restés fortement liés à leur pays d'origine grâce au mal du pays ("increschantüm"). C'est pourquoi ils n'ont pas hésité une seconde après les catastrophes de l'incendie et ont envoyé de l'argent à l'Engadine pour la reconstruction, avec leurs maîtres d'œuvre préférés. Eh bien, l'un d'entre eux a également érigé un monument et s'est moqué de la réussite économique des autres d'une manière quelque peu ostentatoire.
Association des Randulins
"Nous, les hirondelles, sommes aussi un peu des créatures d'habitudes. Si possible, nous retournons chaque année à notre dernier nid. J'ai entendu dire que les humains sont très semblables à nous à cet égard, sauf qu'ils ont une distance de déplacement beaucoup plus courte et qu'il est donc beaucoup plus facile de retrouver la maison. Les gens ne sont pas seulement des créatures d'habitude, mais aussi sociables, c'est pourquoi ils ont même fondé une association de Randulins à Sent. Seules les personnes dont les ancêtres ont émigré ou qui peuvent prouver un intérêt particulièrement grand pour l'histoire des Randulins peuvent devenir membres. Le but de l'association est de promouvoir la sociabilité et de soutenir les Randulins, de les aider en cas de succession, d'achat ou de vente d'une maison, ou de s'occuper des questions de cimetière.